De novembre 1998 à décembre 1999, j’ai collé des pense-bête dans la rue.
De 1999 à 2003, après avoir récupéré des photos d’identité dans une usine
désaffectée, j’ai vengé des salariés.
Du 1er au 30 août 2001, j’ai dialogué avec les photos d’ArDKo.
En 2004, j’ai rédigé mon CV.
Cette même année, j’ai tenté de retrouver mes amis perdus par petites annonces.
Pendant ce mois d’août, je me suis faite un ami (pour la vie) par jour.
Je me suis ensuite cherchée dans le regard des autres.
A partir de 2005, j’ai cherché qui pourraient être mes fréquentations.
Le 12 août 2006, j’ai commencé une collection de portraits sur ma table de troquet.
En 2007, j’ai évoqué la perte des êtres chers.
La même année, j’ai participé à la création d’un mythe.
En 2010, j’ai recommencé à mêler diptyques et mots.
Puis j’ai arrêté (tout) et j’ai demandé du soutien.
En 2011, j’ai pensé à la maison de mon enfance.
Et enfin, je repars à la recherche de mes amis perdus.
J’observe ce qui m’entoure et réinvente les histoires des passants : chaque vie est un puits sans fond de savoir et d’émotion à partager, à ne pas manquer.
Lorsqu’on trouve une pile de CV dans une usine désaffectée, pile offerte au tout venant, piétinée, avec sa quantité d’informations et d’espoirs offerts, il est impossible de laisser ces visages en liens avec cet écrit.
J’ai choisi de modifier l’écrit, de les protéger par la fiction pour les remettre en valeur.
Il ne m’est pas non plus moins angoissant d’accepter la disparition d’êtres plus ou moins chers par la mort, un déménagement ou même le temps.
Je collectionne donc toutes les traces de leur passage et je me raconte des histoires pour ne pas les oublier,… et garder un lien avec elles. Et puis d’ailleurs, que je les connaisse ou non n’a pas d’importance puisque c’est leur vie, leur histoire qui en a.
J’utilise souvent l’image comme amorce de mes fictions, c’est grâce à ces photos que les instants et les personnes obtiennent une existence publique et disparaissent un peu moins. J’attends également une participation de l’autre pour que celui-ci me donne ses traces et me nourrisse.
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